Quelles démarches d’actions individuelles et collectives, parfois de résilience, peuvent contribuer à protéger les forêts ? Nous l’avons vu dans l’article précédent les forêts possèdent de véritables bénéfices environnementaux. Notamment dans leur capacité à stocker du carbone dans le sol. La protection des forêts est essentielle aujourd’hui puisqu’elles sont largement menacées du fait des interventions humaines. La compensation carbone, bien souvent proclamée comme solution, n’est malheureusement pas aussi magique que la baguette d’Harry et comporte de nombreuses limites.
Dans cet article, nous découvrirons un outil qui permet d’estimer nos impacts environnementaux sur les forêts. En découleront des solutions à échelle citoyenne pour réduire nos impacts environnementaux sur les forêts. Enfin, conscients que les démarches individuelles ne suffiront pas, nous aborderons des actions plus collectives et de résilience.
Des actions individuelles pour protéger les forêts ?
Comprendre son impact sur les forêts
Avant de vouloir protéger les forêts, il est essentiel d’en savoir un peu plus sur ses impacts. Une première action consiste donc à estimer son empreinte forêt grâce à ce merveilleux simulateur fourni par All4trees. Vous pourrez ainsi connaître les impacts de vos habitudes de consommation sur la déforestation. C’est une nouvelle étape, une autre claque intellectuelle. Comme celle que vous aurez pu recevoir en simulant votre empreinte carbone pour la première fois (à faire ici si besoin).
Cette étape est essentielle car elle permet de se poser les bonnes questions sur son mode de vie. On peut ensuite agir de manière plus responsable. Et ainsi participer à la lutte contre la déforestation et agir pour la protection de la biodiversité. Quelques actions simples contribuent directement à cet objectif. De ce fait, diminuer sa consommation de café, thé, chocolat, viande, d’objets ou vêtements neufs, de cuir, de biens informatiques permet d’agir directement sur son impact forêt. Pour agir au quotidien, n’hésitez pas à consulter les démarches d’actions proposées par All4trees.
Enfin, pour en comprendre plus sur les phénomènes sous-jacents, pourquoi ne pas participer à une « Fresque de la forêt » ? Cette animation à la fois ludique, pédagogique, collaborative est très enrichissante. Le phénomène des fresques prend de l’ampleur et permet de nous sensibiliser efficacement à nos impacts environnementaux. Elles sont aujourd’hui nombreuses : Fresque du Climat, Fresque Océane, Fresque de la biodiversité, Fresque du numérique, Fresque de la Renaissance Ecologique etc.
Protéger les forêts avec All4trees
Si vous voulez agir en faveur de la préservation des forêts, au nom d’une entreprise ou individuellement, à travers des dons, tournez-vous vers All4trees ! Une des missions principales de cette association est de fédérer les porteurs de projets qui agissent sur le terrain. All4trees a mis en place des critères d’adhésion strictes. Ils permettent d’assurer que les porteurs de projets sont des acteurs·trices de terrain engagé·e·s, développant des projets aux approches holistiques. Cette association a décidé de travailler uniquement avec les artisans du développement solidaire. « Finalement, être membre de la communauté all4trees est une sorte de label qui permet de faire le tri dans la jungle des planteurs d’arbres. »((https://bonpote.com/compensation-carbone-et-treewashing-jonathan-guyot/))
Soutenir des actions collectives de protection des forêts
Il est aussi possible de soutenir le projet de « forêt primaire » lancé à l’initiative du botaniste Francis Hallé. Son association agit pour la création d’un espace à échelle européenne et de grande superficie (environ 70 000 hectares). Cet espace accueillerait une forêt intacte évoluant de façon autonome, renouvelant et développant sa faune et sa flore sans aucune intervention humaine, et cela sur une période de plusieurs siècles.
Vous pouvez aussi soutenir le projet de l’association ÉTATS SAUVAGES. Ce dernier acquiert des forêts menacées et les protège en les laissant en libre-évolution afin de préserver la biodiversité forestière.
Enfin, n’hésitez pas à apporter votre soutien à l’association Canopée. Cette dernière est membre de la Coalition Mondiale des Forêts, spécialisée dans le plaidoyer pour la défense des forêts, en France et dans le monde. Cette nouvelle organisation environnementale a été fondée en 2018.
Forêts comestibles : enjeu de résilience et démarche d’actions individuelles et collectives contribuant à protéger les forêts, le climat et la biodiversité
Le principe des forêts comestibles
Il existe partout dans le monde des projets de forêts comestibles participatives. On y retrouve différents membres de la communauté, de toutes générations. Ses acteurs·trices créent du lien, échangent et travaillent ensemble pour prendre soin de la forêt. Mais aussi cueillir et partager tout ce qu’elle a à offrir. De tels projets existent aussi en France et c’est plutôt une bonne nouvelle.
Le principe est le suivant. Après une longue observation de la nature et des forêts locales, on plante des espèces comestibles pour créer un écosystème qui produira de façon autonome de la nourriture. Pour cela, il faut sélectionner les essences nourricières qui poussent naturellement, car ce sont les essences natives. Elles permettront d’avoir des forêts les plus sauvages possibles mais aussi pérennes et résilientes face aux agressions et au changement climatique.
Tout comme n’importe quelle autre forêt, la forêt comestible séquestre le carbone. Elle constitue ainsi un îlot de fraîcheur naturel et durable.
De plus, son développement se fait naturellement et sans utilisation de pesticides ou d’herbicides. La forêt comestible offre ainsi un lieu de vie idéal pour les oiseaux, petits mammifères, amphibiens et micros organismes. La présence d’espèces mellifères et nectarifères, dont la floraison s’étend sur des mois, favorise le maintien et le travail des populations d’insectes. Cela permet d’ailleurs d’attirer les butineurs et pollinisateurs. La forêt comestible contribue ainsi à la préservation du vivant.
Aussi, comme l’oasis symbolisant le salut et la sérénité pour ceux qui tentent de survivre à l’aridité et à la chaleur du désert, la forêt comestible évoque la résilience et permet d’envisager un avenir plus soutenable.
Zoom sur le projet « Food Forest » de Riverton
La « Food Forest » de Riverton est une des plus anciennes forêts comestibles. Désormais devenue emblématique, elle se situe au sud de l’Île du sud de la Nouvelle Zélande. Ce jardin hors du commun est un écosystème d’une richesse extraordinaire. Il est né de l’imagination et des mains de Robert Guyton (passionné d’arbres) et de son épouse Robyn (spécialiste des espèces comestibles).
Il y a bientôt 30 ans, le couple est arrivé sur un terrain complètement dégradé et utilisé comme décharge par les voisins. Leur volonté a été de « réparer » cet espace, de le réhabiliter et d’en faire ce qu’il est aujourd’hui : une forêt comestible.
Sur le quart d’hectare que représente le jardin, les différents étages d’arbres se succèdent. Des grands arbres déjà présents à l’achat du terrain. Mais aussi des essences plus petites plantées par le couple au fil des années. Tout l’espace au sol est occupé et pensé de manière à ce que les arbres, les fruitiers, les petits fruitiers, les plantes (et notamment des grimpantes), les herbes aromatiques, les fleurs et même les champignons ne se gênent pas, se développent harmonieusement, s’entraident et se protègent.
Le jardin forestier des Guyton est un écosystème complet. On y retrouve des associations de plantes (souvent aléatoires et involontaires). Elles nourrissent le sol, attirent les insectes, les oiseaux et permettent à la nature de s’exprimer.
Pour découvrir plus en détails ce beau projet, n’hésitez pas à consultez cette belle vidéo de présentation.
Des forêts comestibles résistantes aux changements climatiques ?
Certains porteurs de projet de forêts comestibles ont pris le pari d’anticiper le changement du climat.
C’est notamment le cas d’une expérimentation menée à moyenne altitude par l’équipe de LabMadeleine en Haute-Loire. Les variétés plantées sont adaptées au contexte local (700 m d’altitude), mais certaines sont plus atypiques. En effet, des abricotiers, des pêchers, des citronniers épineux, des argousiers, des grenadiers font aussi partie du paysage. Dans un climat changeant, ces espèces pourraient très bien continuer à se développer sans difficultés dans les années à venir. Expérience à suivre !
Sous l’effet du réchauffement climatique, il est fort probable que des espèces végétales migrent. Ainsi, de nombreuses espèces pourraient bientôt s’épanouir à des altitudes ou des latitudes plus élevées. Ce phénomène entraînerait potentiellement la disparation de certaines natives des niveaux supérieurs, plus fragiles.((https://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2018/04/04/le-rechauffement-accelere-la-migration-des-plantes-vers-les-cimes_5280718_1652692.html))
Une forêt comestible à condition d’être bien pensée et plantée pourrait s’adapter à l’évolution du climat. En effet, si les conditions sont remplies, cet espace peut devenir un écosystème diversifié, durable et résilient. A maturité, elle est capable de subsister sans arrosage, de s’auto-nourrir et en se densifiant de créer un micro-climat forestier, protecteur des plantes les plus sensibles au réchauffement climatique comme toute autre forêt.((https://www.u-picardie.fr/edysan/le-microclimat-des-sous-bois-protege-les-plantes/))
C’est la recherche de ces « îlots de résilience » et la transmission aux générations futures qui sont le point commun de tou·te·s ces planteurs·euses d’arbres. Que le projet soit une forêt comestible comme la forêt de Higas, ou bien la (re)création des haies bocagères avec La Haie Donneurs ou Des Enfants et des Arbres. Ou encore d’une pépinière forestière locale et militante comme L’Enracineuse, ou finalement la création d’une micro-forêt native comme celles qu’encourage l’association MiniBigForest.
Des initiatives en faveur des forêts près de Nantes !
La première micro-forêt native de métropole
Non loin de Nantes, aux Sorinières et plus précisément à l’abbaye de Villeneuve, la première micro-forêt native de métropole a vu le jour grâce à l’association MiniBigForest.((https://kaizen-magazine.com/article/mini-big-forest/?fbclid=IwAR1uGmack09g-GIHNx3grkFZv5pWUkx4UNO6BrAQOPTXlgRreJvPvopdX40))
Près de 2000 arbres d’essences natives ont été plantés selon la méthode de plantation mise au point par Akira Miyawaki((https://permafforest.fr/blog/micro-foret/methode-miyawaki/ )), un botaniste japonais. Cette méthode permet de récréer des écosystèmes forestiers primaires 10 fois plus rapidement qu’avec la succession écologique. Le processus naturel d’évolution et de développement d’un écosystème en une succession de stades : de la recolonisation initiale à un stade théorique d’équilibre dit climatique. La densité de la végétation y est relativement importante. Dans chaque mètre carré, on retrouve les 3 strates de végétation (arbustive, arborescente et canopée) qui composent les forêts naturelles. Elle s’épanouira donc de manière plus sauvage, plus dense, plus libre mais aussi plus résiliente et plus écologique qu’une forêt vouée à l’exploitation. « Ce n’est pas une forêt de production mais de transmission : nous voulons léguer ces forêts aux générations futures »((https://mrmondialisation.org/nantes-ils-font-pousser-des-micro-forets-100-fois-plus-riches-en-biodiversite/)), déclarent Stéphanie et Jim, les fondateurs de l’association MiniBigForest.
Protéger les forêts, une affaire de pédagogie ?
Les projets de micro-forêts développés par MiniBigForest s’enchaînent autour de Nantes((https://www.minibigforest.com/les-minibigforest/page/2/)). Et les adultes ne sont pas les seuls à envisager l’avenir ! Ainsi, les élèves du lycée Monge font pousser la première forêt comestible de MiniBigForest en collaboration avec « Les Jardins de Phine » qui les guide dans la plantation des petits fruitiers.
Cette « forêt à croquer » est née d’un projet interdisciplinaire sur le thème du développement durable. Les élèves, accompagnés de membres du personnel du lycée et de salariés d’entreprises mécènes, ont accepté de relever ce défi né sous l’impulsion de leur professeur d’anglais. Depuis janvier 2021, 40 bénévoles entreprennent de planter 600 arbres dont 20 essences comestibles sur un espace de 200 m2 ! L’idée est de créer un « amphithéâtre de verdure, à la fois forêt et salle de classe » qui pourra aussi être un lieu de détende, un îlot de ressources pour l’équipe enseignante et les élèves. Une équipe de MiniBigKeepers composée d’élèves et de membres du personnel du lycée suit l’évolution de la forêt. Cette équipe formée par MiniBigForest assure l’entretien et la collecte de données jusqu’à l’autonomie de la forêt dans 3 ans.
Ce beau projet pédagogique peut aussi être mené au sein d’une association, d’une entreprise, d’une collectivité ou encore d’une commune. Alors si le projet vous tente, rendez-vous sur le site de MiniBigForest !
Le projet Repousse : une pépinière d’arbres participative
À Nantes, il existe aussi une pépinière d’arbres participative appelée Repousse. Les membres de cette association récupèrent de jeunes repousses d’arbres ayant poussé au mauvais endroit.
Si vous êtes de la région et que des repousses apparaissent dans votre jardin, sur votre terrain ou un futur chantier, vous pouvez leur offrir une belle vie ! Pour cela, mettez-les en pot et offrez-les à l’association. Vous pouvez aussi contacter l’association pour qu’elle vienne déterrer et récupérer les repousses.
Ensuite, les arbres sont rempotés et chouchoutés pour qu’ils deviennent forts et résistants. Ils seront replantés un an après environ. N’hésitez pas à consulter la page de l’association ou à les contacter pour plus de détails !
Encourager les projets de reforestation, protection ou de développement de forêts locales
A échelle individuelle, il est aussi possible d’encourager des projets locaux, sans forcément avoir besoin d’enfiler ses bottes ! Et sans prendre le risque de financer des arbres de plantations vouées à l’exploitation intensive. En effet, des plateformes de financements participatifs comme MiiMOSA ou Blue Bees permettent d’encourager de beaux projets. Et il est aussi possible de contribuer en achetant directement des produits issus de ces forêts nourricières.
Et si vous aimez mettre des bottes, il est aussi possible d’aller prêter main forte à des plantations participatives et collaboratives. Renseignez-vous, il y en a sûrement près de chez vous. C’est toujours une belle expérience que d’aller plonger les mains dans la terre même sans connaissance en la matière. Et puis ce sera l’occasion d’apprendre à planter un arbre !
Protéger les forêts, une combinaison d’actions individuelles, collectives et parfois source de résilience
L’empreinte de l’homme est partout. Elle entame dangereusement et sans discernement les éléments qui nous semblent parmi les plus vastes et les plus immuables comme la forêt. Et la première façon d’agir, avant même de vouloir replanter des arbres, est de protéger et sauvegarder les forêts déjà bien vivantes, en changeant nos habitudes de consommation et nos modes de vies. Dans un second temps, nous pouvons accompagner financièrement et / ou humainement toutes ces associations qui protègent les forêts. Elles sont nombreuses à contribuer à la persistance des forêts selon des principes éthiques. Ainsi, leur but n’est pas de développer de manière industrielle ou intensive les forêts. Enfin, hors de question de permettre aux pollueurs de « compenser » leurs émissions, mais plutôt de permettre aux individus d’agir en toute intelligence, bienveillance, dans le respect des équilibres fragiles et sensibles. Ces équilibres dont seule la Nature sait se montrer maîtresse.