Océans, changement climatique et pollution marine

Le changement climatique en cours et la pollution marine ont des conséquences non négligeables sur les océans. Ils remettent aujourd’hui en cause le rôle essentiel que jouent les océans dans la stabilité planétaire. Ce constat confirme la nécessité d’agir pour ralentir nos impacts sur les océans. Car si les océans contribuent à la stabilité planétaire, leur dérèglement pourrait bien conduire à des changements irréversibles auxquels nous ne saurons nous adapter.

Mais notre impact sur les océans pose aussi des questions essentielles sur la pêche pourtant indispensable pour de nombreuses populations. Ces dernières seront traitées dans un prochain article qui sera la suite de celui présenté ici.

Océans et stabilité climatique

De par les nombreux échanges avec l’atmosphère, les océans jouent un rôle essentiel et indispensable dans la stabilité du climat.

L’océan stocke la majorité du CO2 atmosphérique

La physique est bien faite. Les échanges gazeux entre l’atmosphère et les océans favorisent la stockage du carbone. Au gré des courants marins, environ 90% du C02 de l’atmosphère est dissout et transporté dans les fonds marins.((https://www.ocean-climate.org/wp-content/uploads/2015/11/151030_FichesInformation_FR_HD.pdf))

Une grande partie du CO2 des océans est transformé en oxygène par les planctons

Les planctons représentent 95% de la biomasse des océans.((https://www.ocean-climate.org/wp-content/uploads/2015/11/151030_FichesInformation_FR_HD.pdf)) Le plancton végétal, à l’instar d’une plante par photosynthèse [trop fier d’avoir placé « à l’instar » 😎], stocke du carbone (environ 10% du CO2 de l’atmosphère) et diffuse de l’oxygène. Cette diffusion représente 50% de l’oxygène que nous respirons.

Les océans et la biodiversité qu’ils abritent sont donc essentiels à la stabilité climatique de la planète. De nombreuses questions se posent quant à leur capacité à s’adapter aux changements climatiques…

Changement climatique, perturbations des océans et justice climatique

Le CO2 stocké dans les océans acidifie l’eau et ralentit le développement d’espèces marines

Les émissions de CO2 anthropiques sont en partie absorbées par les océans. Entre 1971 et 2010, ce sont 30% des émissions de CO2 anthropiques qui ont été absorbées par les océans. Ce phénomène naturel a pour conséquence une acidification de l’eau. Ainsi, les formes minérales saturées de carbonate de calcium (CaCO3) diminuent au sein du milieu aquatique. Or, ces dernières sont indispensables aux développements de structures calcifiées qu’ont de nombreux organismes marins.((https://www.fao.org/3/CA0356FR/ca0356fr.pdf))

En effet, une trop grande absorption de CO2 dans les océans menace significativement de nombreux organismes marins (planctons, coraux, etc.)

Le réchauffement des océans réduit l’oxygénation des fonds marins

L’eau chaude est plus dense que l’eau froide. Ainsi, naturellement, les eaux chaudes sont plus en surface et recouvrent les eaux plus froides et profondes. Le réchauffement climatique accentuant le réchauffement des eaux, il augmente cet effet de stratification des eaux.((https://ocean-climate.org/wp-content/uploads/2021/09/fichesFINAL.pdf)) Ce phénomène rend plus complexe les échanges gazeux dans l’océan. Ainsi, il contribue à la désoxygénation des fonds marins dont le taux de dioxygène est pourtant essentiel à sa stabilité et au cycle de vie des océans.

L’augmentation de la température des océans renforce la montée des eaux

L’augmentation de la température planétaire contribue à augmenter celle des océans. Ce phénomène provoque une dilatation des eaux et donc une élévation du niveau des océans. Cette dernière est renforcée par la fonte des glaciers, elle aussi induite par le réchauffement climatique.

Bien qu’incertaines, les prévisions concernant les montées des eaux sont plus qu’inquiétantes. Des cartes interactives (dont celle du GIEC exclusivement en anglais) permettent de simuler les modifications géographiques au regard de la montée des eaux à venir.

Réchauffement de l’atmosphère et perturbation des eaux douces

Du fait de leur faible profondeur, les eaux douces sont particulièrement sensibles aux modifications des températures atmosphériques. Le réchauffement de l’air entraînera nécessairement des perturbations des débits et températures des eaux douces. Les espèces marines évoluant en eaux douces pourraient être fortement perturbées par ces modifications de leur milieu.((https://www.fao.org/3/CA0356FR/ca0356fr.pdf))

Le changement climatique  modifie les courants océaniques

Le réchauffement climatique induit des modifications des courants océaniques mais aussi côtiers.((https://www.fao.org/3/CA0356FR/ca0356fr.pdf)) Or, ces derniers garantissent la stabilité des milieux et donc le développement des espèces. Même si les conséquences de ces modifications sont encore incertaines, il est plus que probable qu’elles perturbent la stabilité et le développement des écosystèmes marins.

Les modifications climatiques impactent le secteur de la pêche et mettent en lumière l’injustice climatique

Le changement climatique devrait entraîner des modifications dans la disponibilité et le commerce des produits de la pêche. Cette évolution aura nécessairement des conséquences géopolitiques et économiques importantes, mais aussi des répercussions sur la sécurité alimentaire de certains pays particulièrement dépendant du secteur de la pêche.((https://www.fao.org/3/CA0356FR/ca0356fr.pdf)) En effet, « dans les décennies qui viennent le réchauffement et l’acidification de l’océan risquent de nuire à la croissance et à la reproduction de nombreux organismes marins, réduisant les stocks disponibles pour de nombreuses espèces commerciales importantes.« ((https://ocean-climate.org/peche-changement-climatique/))

Certains pays sont très dépendants de la pêche dans leur modèle alimentaire. Ce qui est moins le cas de la France qui pourtant consomme beaucoup d’espèces marines. Là encore nous sommes face à une injustice climatique et sociale. Les pays plus développées sont davantage responsables du changement climatique. Pourtant, ce sont les pays les plus pauvres qui en subiront des conséquences liées à la pêche et donc à la durabilité de leur modèle alimentaire.

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« Si nous continuons à émettre des gaz à effet de serre au rythme actuel, les changements attendus avant la fin du siècle, en matière de biodiversité marine, pourraient être d’une ampleur comparable à ceux intervenus au cours des 20 ou 30 millions d’années qui nous ont précédés.« ((https://www.ocean-climate.org/wp-content/uploads/2016/11/161115_DIFFCO_FR_08.pdf))

Pollution des océans

Au-delà des problématiques climatiques, la pollution des océans est aujourd’hui un fait incontestable et imputable à l’Homme. Que ce soit par introduction directe ou indirecte, de nombreux éléments sont rejetés dans les eaux terrestres. Ces derniers ont un impact non négligeable sur la vie animale et par extension sur la santé humaine.

Une pollution invisible : chimie, agriculture et traitements des eaux usées

La pollution des océans est principalement d’origine industrielle, agricole ou urbaine. Ces activités rejettent de nombreuses substances invisibles potentiellement polluantes. Ces dernières sont ensuite acheminées jusqu’aux océans par les cours d’eau. Hydrocarbures, métaux lourds, radionucléides, nutriments, engrais, pesticides, résidus d’installations de traitement des eaux usées, etc. Autant d’intrants qui viennent polluer les océans.

Une pollution visible : le plastique c’est fantastique

La pollution plastique des océans est aujourd’hui visible et connue de tous (à moins de vivre dans une grotte…). Mais elle est surtout d’une importance hallucinante puisqu’en 2050, l’océan pourrait contenir davantage de plastiques que de poissons ! Cette forme de pollution est le reflet de la responsabilité humaine dans les impacts environnementaux planétaires. Elle est l’expression de notre modèle de production infinie où nous ne savons même plus comment gérer nos déchets.

Coucou le 7e continent !

En Europe, les plastiques composent plus de 80% de la pollution marine. Les plastiques à usages uniques sont les plus nombreux. En effet, ils représentent à eux seuls 49% des déchets solides retrouvés dans les océans. Il existent par ailleurs d’autres déchets plastiques comme ceux issus de la pêche.

Et au-delà du plastique…

Les plastiques ne sont pas les seuls polluants solides des océans. En effet, même s’ils sont la principale source de déchets, d’autres formes de déchets existent. Ces derniers sont tout aussi dangereux pour la survie de la biodiversité aquatique.

La pollution des océans ou le reflet de la production excessive ?

Les conséquences de la pollution des océans

La pollution marine conduit directement à la destruction de la biodiversité aquatique. En effet, chaque année, ce sont 1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins qui sont tués du fait de nos déchets aquatiques.((https://fr.oceancampus.eu/cours/Sqw/pollution-marine-les-oceans-la-poubelle-du-monde))

Moins fun que le lapin qui se coince les mains dans la porte non ?

Les polluants invisibles sont tout autant nocifs pour les océans. Rejetés en trop grandes quantités, ils détruisent la vie aquatique et contribuent au déséquilibre des océans (acidification, eutrophisation changements physiologiques chez les organismes aquatiques…) Des aspects essentiels à considérer de toute urgence puisque les océans et les écosystèmes qu’il habite sont les garants de la stabilité climatique et conditionnent certains modes de vie sur Terre.

Pour conclure sur la pollution marine, le changement climatique et les océans…

Les océans et la biodiversité qu’ils abritent sont aujourd’hui les victimes de notre mode de vie. Notre société de production et de consommation toujours plus excessive et éphémère est à remettre en question de toute urgence. En effet, c’est bien ce système qui remet en cause la stabilité planétaire par notre impact sur le climat ou par la mauvaise gestion que nous avons de nos déchets.

Les phénomènes de changement climatique et de pollution sont en lien avec les limites planétaires. Ces dernières régulent aujourd’hui la stabilité et la résilience du système Terre. Elles correspondent à des frontières à ne pas franchir pour garantir le développement et la prospérité de l’humanité. Malheureusement, nous avons déjà dépassé 6 limites planétaires sur les 9 identifiées

A l’échelle individuelle, des actions simples et de rupture permettront d’agir contre ces dérives. Le premier pas est celui d’une prise de distance forte avec notre modèle de consommation actuel. L’adoption d’un mode de vie zéro déchet permet fortement d’atteindre cet objectif en minimisant ses déchets mais aussi toute forme de consommation accessoire.

Concernant les océans spécifiquement et pour prendre conscience de nos impacts, rien de tel que de participer à une Fresque Océane. Ce dispositif basé sur le modèle de la Fresque du Climat permet d’appréhender les impacts humains sur les océans ainsi que la nécessité de rompre avec notre fonctionnement actuel. N’hésitez pas à demander des interventions de ces associations dans le cadre de votre travail !

Mais la pêche dans tout ça on en parle ?! Promis ça arrive… ! Dans un prochain article afin de ne pas rendre celui-ci indigeste. Quoiqu’il en soit si cet article sur les océans, le climat et la pollution marine t’a plu, partage-le pour encourager au changement ! 💚

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