E-mails, impact environnemental lié au numérique et bonnes pratiques

L’envoie d’e-mails, une pratique habituelle aujourd’hui, contribue à notre impact environnemental lié au numérique. Réduire cet impact passe nécessairement par une meilleure utilisation du numérique et l’optimisation de ces boîtes e-mails grâce à des bonnes pratiques.

E-mails dans le monde et en France

Chaque jour, environ 293 milliards d’e-mails sont envoyés dans le monde (en 2019 et hors spam)((https://www.radicati.com/wp/wp-content/uploads/2018/12/Email-Statistics-Report-2019-2023-Executive-Summary.pdf)). Ce chiffre, en croissance, témoigne de l’importance de l’e-mail dans nos pratiques quotidiennes. Un internaute français reçoit donc en moyenne 39 courriers électroniques par jour.((https://www.arobase.org/actu/chiffres-email.htm)) Heureusement qu’on ne reçoit pas autant de courriers dans notre boîte aux lettres ! 😱

Il faut savoir que le spam (e-mail publicitaire) représente entre 55 et 95 % du trafic total des courriers électroniques. Environ 90% des spam sont filtrés en amont par les messageries et sont donc invisibles pour les utilisateurs.((https://www.altospam.com/actualite/2015/05/les-virus-reviennent-en-trombe-statistiques/))((https://www.signal-spam.fr/accueil/le-spam/))

E-mails et impact environnemental

Les impacts environnementaux liés aux e-mails sont de natures différentes et dépendent de notre recours à l’industrie électronique. Ainsi, l’impact environnemental de l’e-mail ne peut s‘analyser indépendamment de l’impact numérique global. Les deux sont forcément rattachés. Et par extension, l’impact du numérique ne peut être traité indépendamment de la consommation d’énergie qu’il entraîne et donc du ou des mix énergétique(s) des pays dont il dépend.

L’industrie électronique est consommatrice de métaux tels que le cuivre, l’aluminium ou d’autres métaux rares. L’e-mail contribue à cette consommation de métaux par sa dépendance à l’industrie électronique. Un e-mail de 1 Mo contient ainsi l’équivalent du poids d’une pièce de 1 euro en métaux.((https://presse.ademe.fr/files/acv_ntic_synthese_courrier_electronique.pdf)) Un calcul qui prend en compte l’ensemble des composantes de l’e-mail l’utilisation des appareils dont il dépend.

L’industrie de l’informatique produit les ordinateurs nécessaires aux e-mails. Cette production contribue à l’émission de phosphate.((https://presse.ademe.fr/files/acv_ntic_synthese_courrier_electronique.pdf)) Ce dernier est responsable du dérèglement des milieux aquatiques par eutrophisation. Ce phénomène conduit à la multiplication d’algues nocives pour les eaux responsables de la destruction d’espèces animales marines.

Enfin, envoyer un courrier électronique nécessite de l’énergie. Une consommation d’énergie qui augmente si le nombre de destinataires augmente.((https://presse.ademe.fr/files/acv_ntic_synthese_courrier_electronique.pdf)) Cette utilisation d’énergie correspond ainsi à un potentiel de réchauffement climatique de 19g équivalent CO2. En considérant que nous recevons 39 e-mails par jour et par personne((https://www.arobase.org/actu/chiffres-email.htm)), cela représente en 1 an, l’équivalent en émissions de CO2 de plus de 2000 km parcourus en voiture.((Proportion calculée sur la base des résultats de cette recherche : https://presse.ademe.fr/files/acv_ntic_synthese_courrier_electronique.pdf))

Impact environnemental lié au numérique

L’évolution vers un monde numérique semble être une solution pour dématérialiser nos supports et réduire notre impact environnemental. Mais le numérique est dépendant de productions matérielles, de réseaux électriques, d’espaces de stockage, de serveurs etc.

Le numérique représente aujourd’hui près de 4% des émissions mondiales en gaz à effet de serre (GES).((https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2018/11/Rapport-final-v8-WEB.pdf)) Son empreinte carbone augmente de presque 10 % par an.((https://jancovici.com/publications-et-co/articles-de-presse/obesite-numerique/)) Selon les tendances actuelles, d’ici 2025, le digital pourrait être aussi polluant que la voiture.((https://jancovici.com/publications-et-co/articles-de-presse/obesite-numerique/))

L’impact environnemental lié au numérique est fonction de 3 grands ensembles qui le compose : les terminaux (PC, smartphones, etc.), les data-centers et les réseaux.

A l’échelle mondiale, la phase de production des terminaux représente 39% des émissions en GES liées au numérique.((https://www.greenit.fr/wp-content/uploads/2019/10/2019-10-GREENIT-etude_EENM-synthese-accessible.VF_.pdf)) En y incluant la phase d’utilisation de ces appareils, les émissions peuvent atteindre 66% des émissions totales.((https://www.greenit.fr/wp-content/uploads/2019/10/2019-10-GREENIT-etude_EENM-rapport-accessible.VF_.pdf)) Cette différence de proportion s’explique notamment par les différents mix énergétiques entre les pays.

Le mix énergétique compte pour beaucoup dans l’impact environnemental lié au numérique, bien plus que celui du DJ de boîte de nuit

Les data-centers et les réseaux concentrent les impacts restant. En plus d’exploiter certaines ressources rares, leur conception engendre souvent des émissions fortes. En effet, cette production est bien souvent située dans des pays où l’électricité est plus émettrice qu’en France. Il en est de même que les émissions engendrées par leur utilisation dépendront du mix énergétique du pays qui les héberge.

En France, l’électricité nécessaire à l’utilisation des terminaux est peu émettrice de GES. Ainsi, les émissions engendrées par notre activité liée au numérique sont d’autant plus rattachées à la production des terminaux. En France, cette phase représente donc 70% des émissions totales liées à notre empreinte numérique.((http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/redaction_multimedia/2020/2020-Documents_pdf/20200624_Conf_presse_Dev_Dur/20200624_Conf_Dev_Dur_Synthese_du_rapport.pdf)) De quoi réfléchir au prochain achat compulsif lors du black friday ! 🤑

E-mail et impact environnemental lié au numérique : ordre de grandeur

Si le numérique ne représente aujourd’hui qu’une faible part dans les émissions en GES françaises (2% en 2019)((http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/redaction_multimedia/2020/2020-Documents_pdf/20200624_Conf_presse_Dev_Dur/20200624_Conf_Dev_Dur_Synthese_du_rapport.pdf)), il est tout de même nécessaire de limiter son empreinte environnementale. En effet, l’électricité française, dont dépend le numérique, est peu carbonée. Pour autant sa prise en compte est essentielle dans des perspectives futures.

En effet, si une politique forte pour réduire ses émissions n’est pas mise en place, le numérique français représentera 6,7% des émissions nationales d’ici 2040.((http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/redaction_multimedia/2020/2020-Documents_pdf/20200624_Conf_presse_Dev_Dur/20200624_Conf_Dev_Dur_Synthese_du_rapport.pdf)) Cette progression s’explique par la multiplication des objets connectés et les émissions des data-centers qui stockent de plus en plus de données.((http://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/redaction_multimedia/2020/2020-Documents_pdf/20200624_Conf_presse_Dev_Dur/20200624_Conf_Dev_Dur_Synthese_du_rapport.pdf)) La perspective de cette évolution sera forcément problématique dans notre recours à une plus grande quantité d’énergie.

Aujourd’hui, c’est bien la multiplication d’objets (connectés) qui augmente notre impact environnemental lié au numérique

L’e-mail représente une part secondaire dans les émissions françaises liées au numérique. Dissocié des terminaux dont il dépend, l’e-mail ne représente qu’une petite part d’impacts environnementaux. Pour autant, ses tendances d’évolution seront les mêmes que celles du numérique en général. Ainsi, si d’autres bonnes pratiques sont prioritaires pour réduire notre empreinte numérique, une bonne gestion et utilisation de ses e-mails n’est pas inutile.

De bonnes pratiques pour réduire son impact environnemental lié au numérique et aux e-mails

L’impact environnemental de l’e-mail, associé au numérique, s’appréhende à deux échelles. D’abord celle des utilisateurs, sur lesquelles nous pouvons agir directement. En second lieu, celle des infrastructures sur lesquelles notre action est indirecte et moins habituelle.

Au niveau des utilisateurs

A l’échelle des utilisateurs, les impacts se modulent à la fois concernant le terminal utilisé (ordinateur, smartphone, …) mais aussi dans l’utilisation et la gestion des boîtes e-mails.

➡ Diminuer la multiplication de terminaux neufs, allonger leurs durées de vie et acheter d’occasion

C’est de TRÈS TRÈS loin l’action la plus impactante pour limiter son empreinte individuelle liée au numérique. La seule production des ordinateurs représente une consommation énergétique du même ordre de grandeur que celle de l’utilisation des data centers ou des réseaux.((https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2018/11/Rapport-final-v8-WEB.pdf))

Pour l’achat de matériel informatique d’occasion à Nantes, référez-vous à cet article ou passer par AfB en reconditionné. L’allongement de la durée de vie d’un ordinateur portable de 3 à 5 ans dans une entreprise permettrait de réduire de 37% les émissions de GES liés aux terminaux.((https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2018/11/Rapport-final-v8-WEB.pdf))

➡ Diminuer le nombre de mails reçus et envoyés

Pour cela, se désabonner des newsletters et éviter les mails qui peuvent l’être. Chaque mail évité n’implique pas le potentiel de changement climatique de 19g équivalent CO2.((https://presse.ademe.fr/files/acv_ntic_synthese_resultats.pdf)) Chaque GESte compte ! 💪

Il est aussi possible de réduire le nombre de destinataires du mail. L’impact positif est moindre, mais nous évitera au moins de recevoir des mails inadaptés qui ne nous concernent pas.

➡ Envisager des alternatives à l’e-mail

Une action simple, tellement à la mode dans les années 2000 : utiliser des transferts et enregistrement de documents via des supports externes au réseau (ordinateur, clé USB, etc.) Parfois ça fait pas de mal de revenir un peu en arrière, n’est-ce pas Marty ? 😎

Dans un contexte de travail, privilégier des plateformes partagées pour l’échange de documents collaboratifs. Particulièrement si un document nécessite de nombreuses rééditions par différents utilisateurs. Il est ainsi moins impactant de passer par une telle plateforme plutôt que de le renvoyer après chaque édition par mail.((https://theshiftproject.org/wp-content/uploads/2018/11/Rapport-final-v8-WEB.pdf))

➡ Modifier ses habitudes d’utilisation

En faisant régulièrement du tri dans ses boîtes mails : supprimer les courriers inutiles, les spams, archiver les courriers inutiles, etc. Envisager la technique du zero inbox pour alléger un peu son empreinte environnementale et son stress.

Pour faciliter ces démarches, le plus simple c’est un bon client mail comme Thunderbird. Un logiciel libre (pourquoi libre ?) vous permettant d’afficher et gérer vos différentes boîtes mails dans une seule fenêtre. Un client sécurisé et doté d’outils comme un agenda pour plus d’organisation. Thunderbird offre en plus un excellent blocage des contenus distants. Il permet ainsi d’éviter le tracking de données à l’ouverture des mails.

Concernant les habitudes d’utilisation, privilégier l’envoi de liens hypertextes plutôt que de pièces jointes. C’est particulièrement judicieux si le lecteur risque de ne pas lire les documents. Le mail est ainsi allégé sans perdre son éventuel intérêt ! Pas folle la break !

Pour éviter les spams, une bonne démarche est de ne pas donner son adresse mail à n’importe quelle entreprise. C’est un risque de plus qu’elle soit revendue et utilisée à des fins commerciales.

Au niveau des infrastructures

En tant que simple utilisateur, plus difficile d’accéder aux data centers de Google pour en réduire la consommation énergétique ou améliorer leur efficacité énergétique. En effet, ces pôles sont aussi très énergivores et particulièrement émetteurs du fait des mix énergétiques dont ils dépendent.

Par contre, il est assez facile de trouver des alternatives en se tournant vers des hébergeurs plus vertueux et dépendant d’un mix énergétique moins émetteur. C’est par exemple le cas d’Infomaniak qui propose des hébergements plus écologiques basés en Suisse. Infomaniak assure certains engagements : de l’énergie d’origine renouvelable, des data centers performants et gérés de façons optimales, des fournisseurs de proximité, une mobilité douce pour ses associés, etc. Vous pouvez aussi trouver une approche très similaire chez Ikoula basé en France.

Finalement, quelles bonnes pratiques pour faire sa part ?

De nombreuses bonnes pratiques existent pour réduire notre impact environnemental lié au numérique et à nos e-mails. Il est important de garder à l’esprit une certaine hiérarchie entre ces actions, même si aucune n’est inutile.

La première s’exprime au moment de l’achat d’un appareil support. C’est en effet, et particulièrement en France, la phase la plus polluante. Pour cela penser à réduire vos besoins en appareils, à acheter d’occasion, reconditionné et à allonger la durée de vie des terminaux.

Concernant l’e-mail, une bonne gestion et utilisation de ses boîtes mail est essentielle. Et cela pour des raisons liées à l’environnement mais aussi à des notions psychologiques.

Enfin, notre dépendance à des hébergements souvent américains n’est pas une fatalité. Il existe des solutions alternatives pour avoir recours à des énergies plus vertueuses et moins émettrices.

Enfin, et pour conclure sur l’impact environnemental de l’e-mail seul, un dernier chiffre. Le seul courrier électronique d’une entreprise de 100 personnes génère chaque année 13,6 tonnes d’équivalent CO2, soit l’équivalent de 14 allers-retours Paris et New York en avion.((https://presse.ademe.fr/files/acv_ntic_synthese_resultats.pdf)) Quand on sait l’impact du secteur des transports, cela fait forcément réfléchir… !

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3 thoughts on “E-mails, impact environnemental lié au numérique et bonnes pratiques

  1. Je rajouterais :
    – Arrêter d’envoyer des mails en HTML, au moins par défaut, le texte simple suffit 99% du temps.
    – Quand on répond à un mail, répondre en dessous (après avoir supprimé les parties inutiles du mail d’origine, bien sûr).

    Avec ces deux mauvaises habitudes, je vois régulièrement des mails qui dépassent le Mo pour quelques lignes de texte, avec de bonnes pratiques, ce serait de l’ordre du Ko.

  2. Il pourrait être intéressant d’ajouter 2 éléments à l’article :
    – le type de connexion a une incidence, récupérer des données sur une connexion mobile ce n’est pas la même chose que de les récupérer sur une connexion fibre ;
    – apporter un point de comparaison entre les courriels et d’autres types de données, par exemple regarder une minute de vidéo sur le Web entraîne une certaine empreinte écologique que l’on peut souhaiter réduire également si l’on veut être cohérent. À quel point faut-il prioriser la réduction de notre consommation de vidéos par rapport à notre consommation de courriels ?

  3. Bonjour Loz et Grain de sel,

    Je vous remercie pour vos commentaires constructifs et instructifs. Ils m’aident à prendre du recul sur mes articles et à progresser !

    Compte-tenu de vos retours et d’un autre sur un autre réseau, je vous informe que cet article sera prochainement modifié pour prendre en compte les retours qui m’ont été fait.

    Merci pour votre visite et j’espère à bientôt sur le blog ! 😉

    SEEN

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